Mort tragique de Evguéni Prigojine

Une chute, qui annonce d’autres.

Seul Dieu dispose d’un pouvoir infini dans le temps et l’espace, peut prétendre à l’éternité. Le crash de l’avion qui transportait le mercenaire en chef de Wagner et son bras droit a mis fin au parcours jonché de cadavres d’un homme, aux mains tâchées de sang, froid et cruel. 

Prigojine a péri, comme, il a du reste vécu : dans la violence extrême, le commerce de la mort et de la terreur dont le fantôme rôdait autour de lui, l’ombre planait au-dessus de sa tête. 

Il y a 48h encore, dans une vidéo enregistrée , quelque part en Afrique, son terrain de chasse de prédilection , où son groupe se comporte comme en territoire conquis, il se vantait, d’œuvrer à la libération d’un continent indépendant depuis de longues années, d’être le fer de lance du Kremlin dans son ambition de reprendre le continent à son compte. Dans le contexte que l’on connaît d’une intervention militaire envisagée au Niger pour restaurer l’ordre conditionnel et rétablir le Président Mohamed Bazoum dans ses droits de Président élu du Niger, les propos narquois du défunt mercenaire n’avaient pas qu’un accent de la propagande habituelle russe. C ‘était aussi une campagne d’intimidation en faveur des juntes qui se sont accaparées de certains États. Car la main noire du Président Poutine et de sa politique d’expansion, voire d’annexion de l’Afrique, ne peut opérer que dans les pays de non-droit, prospèrer qu’avec les Chefs d’Etat qui se croient capables de remplacer le pouvoir des urnes par la force des armes. Prigogine avait intérêt donc à ce que que partout en Afrique, règnent le chaos et le désordre, pour qu’il soit appelé à la rescousse et partant fasse des affaires florissantes. Le passé de l’homme le prédestinait à un destin sordide comme ses activités criminelles ne pouvaient lui réserver que la mort sanglante qu’il vient de subir.  Il ne faut pas l’oublier, le disparu a purgé une peine d’emprisonnement de 9 ans pour des faits criminels d’une extrême gravité : 

braquage, vol à mains armées, prostitution de mineures. On le croyait assagi après qu’il se soit acquitté de sa dette envers la société, en entamant une vie d’entrepreneur qui semblait plutôt lui réussir. Mais, chassez le naturel, il revient au galop ! Prigogine ne trouvait meilleur job que celui de marchand de la mort, de porte-flingue de dictatures sanglantes , de bras armés de despotes en mal de reconnaissance et de légitimité. Après avoir fait main basse sur la République centrafricaine où il s’adonnait à un trafic lucratif des richesses du pays contre une protection supposée des autorités,  veules et très vulnérables, il avait gagné d’autres galons au Mali, au Burkina et peut-être qu’il serait allé au Niger si le sort n’en avait pas décidé autrement. Là-bas aussi, Wagner ou d’autres groupes du même acabit pourraient s’investir , si jamais et par malheur , on laissait des putschistes assouvir leurs bas instincts de pouvoir.

Prigojine et ses hommes qui ont le même profil délinquant que lui, partagent avec lui aussi, un passé criminel, ne sont pas des enfants de chœur. Ils exécutent pour le Kremlin de basses œuvres tout en s’enrichissant grassement sur le dos de peuples africains , traités par eux comme des bêtes de somme. La vie des citoyens des pays qui commettent l’imprudence de faire appel à leurs services, onéreux, payés rubis sur ongle, ne vaut rien, à leurs yeux. Wagner est sur la liste noire de tous les États regardants sur les droits humains et beaucoup de ses dirigeants sont pointés du doigt et susceptibles d’être interpellés, à tout moment, en raison de tous les massacres perpétrés, çà et là, dans les zones de conflit à travers le monde.

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Ce n’est pas par hasard que l’opposante belorusse s’est sentie soulagée par la mort d’un ennemi de l’humanité qui lui inspire un dégoût irrépressible : ‘´ c’est un meurtrier qui ne manquera à personne ‘ comme aucun de ses partenaires putschistes ne manquera à son peuple. Au contraire, ce sera bon débarras !

En Afrique où Prigojine était présent, c’est un sentiment de deuil et de désarroi dans les palais squattés, car rien ne sera plus comme avant avec cette disparition brutale d’un partenaire de terrain et d’entreprises inavouables.  Le mercenaire russe laisse orphelins des chefs de junte amis qui se demandent si la mort violente de leur allié n’annonce pas aussi la fin imminente et programmée pour eux dans les mêmes conditions de tragédie que lui. Parce qu’il y a toujours dans l’inconscient africain, des signes avant-coureurs d’un malheur à venir, inéluctable. Et, autre motif d’inquiétude,  tout finit comme ça a commencé : l’on ne peut s’attendre donc à ce que les amis et compagnons de Prigogine comme d’autres malfaiteurs finissent mieux que lui.  Ce n’est qu’une question de temps !

Les panafricanistes dans les médias, recrutés et entretenus, par le hors la loi notoire, aujourd’hui, arraché à leur affection, portefeuille, en vérité, pleurent dans les chaumières d’avoir perdu un mécène intéressé, calculateur, manipulateur dont ils furent le relais d’intoxication et d’endoctrinement auprès des jeunesses africaines, engoncées dans les défis  ardus des temps nouveaux.

Quant à ceux qui militaient pour un partenariat avec la Russie et un rapprochement avec le Président Vladmir Poutine, au risque de passer pour des personnes qui font l’apologie du crime et pactisent avec le diable,  ils devraient réaliser enfin en voyant comment les amis et hommes de confiance sont traités par ‘la  puissance alternative’´, qu’on ne peut échanger une vie jugée précaire pour une mort certaine. On n’est peut-être pas heureux avec nos vieux amis, mais les nouveaux qu’on courtise nous font font voir déjà et clairement qu’ils n’offrent pas le meilleur et sont capables surtout du pire. Un africain averti en vaut un peuple éclairé et lucide.

Dr.MOHAMED CAMARA

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