Libérez-les tous, les otages du CNRD (PAR SÉKOU KOUNDOUNO)

Le Moïse du 5 septembre, venu avec un masque de fer, trompant ainsi notre vigilance, s’est servi outrageusement de notre soif de liberté et de démocratie pour nous vendre du rêve . 

Notre aspiration à la moralisation de la gestion des affaires publiques a éte abusée et déçue , la justice enfantilisée et théâtralisée , notre pays exposé à un spectacle procédural honteux, une juridiction spéciale, baptisée CRIEF, qui ne peut point inquiéter un rat, un procureur aux ordres, tout ceci s’apparente à une vaste farce!

Le Colonel Doumbouya, puisqu’il s’agit de lui, a trompé le peuple et a trahi son serment. 

On peut citer un extrait de son premier discours :« L’instrumentalisation des institutions républicaines, de la justice, le piétinement des droits des citoyens, l’irrespect des principes démocratiques, la politisation à outrance de l’administration publique, la gabegie financière, la pauvreté et la corruption endémique, ont amené l’armée guinéenne, à travers le Comité National du Rassemblement et du Développement (CNRD), à prendre ses responsabilités.» 

Ce constat, partagé par la quasi totalité de la population de notre pays, a résonné en écho avec ses aspirations profondes et a légitimité le putsch du 5 septembre 2021.

Dès lors, se dessinaient les contours d’un contrat moral entre le CNRD et les Guinéens qu’il entendait délivrer de tous ces maux.

Malheureusement, l’espoir suscité par ce contrat a viré au cauchemar en raison de l’amplification des erreurs et pratiques du passé comme entre autres : le népotisme, le favoritisme, le clanisme, l’enrichissement illicite, l’instrumentalisation des institutions républicaines, de la justice, le piétinement des droits des citoyens, l’irrespect des principes démocratiques, la politisation à outrance de l’administration publique, la gabegie financière, la pauvreté.         

D’ailleurs, comment comprendre que des dirigeants qui tiennent à se faire passer pour des paragons de vertu et des hercules de la bonne gouvernance, refusent de se soumettre à une des règles les plus élémentaires de transparence en matière de moralisation de la vie publique à savoir la déclaration de patrimoine ?

Autre paradoxe! Comment admettre que depuis le déclenchement des procédures devant la CRIEF, seuls des civils sont interpellés et pas un seul homme en uniforme ? Les hommes en uniforme seraient-ils bénéficiaires d’une sorte d’impunité ad vitam æternam? 

Voilà tant de questions qui enlèvent toute crédibilité à la prétendue moralisation de la gestion dont se vante tant la junte militaire. 

Contrairement à une idée largement répandue par certains thuriféraires du pouvoir kaki, les militaires au pouvoir ne sont ni plus patriotes, ni plus vertueux que le reste de la société. Alors mêmes qu’eux, militaires, ont été la branche armée de toutes les dictatures. Ce n’est pas par un coup d’État ensanglanté qu’on peut se refaire une virginité morale !

Libérez les otages ! Car, on constate, au vu et au su de tous, les constructions et achats de biens par le chef de la junte, le ministre Secrétaire Général de la Présidence, le Haut Commandant de la Gendarmerie nationale, du Directeur de Cabinet de la Présidence, les proches et la famille de Mamadi Doumbouya à Conakry et en provinces, en France, en Côte d’Ivoire et au Mali. Le clan se beurre allègrement tandis que le peuple s’affame. 

Libérez les otages! Car, dans la fumeuse refondation, les trafiquants de drogue, des bandits à cols blancs, sont parvenus à se recycler en se glissant dans les hautes sphères de l’administration publique. Le pays fait face à toutes sortes de risques. 

Mais malheur à ceux qui croiront que le destin de ce pays est d’être et de demeurer à la merci de copains et coquins qui le pressent comme une orange et qui expliquent cette anomalie par des bénédictions qu’ils auraient reçues de leurs parents.

Libérez-les, tous !!! Parce que dans une autre société, de tels individus auraient tout simplement couvert les leurs de honte et d’opprobre à cause de la place qui leur est faite par les lois de la République. Et contrairement à l’idée qu’ils se font, aucun honnête homme ne peut éprouver la moindre jalousie ou envie vis-à-vis d’un délinquant, d’un homme dont le niveau de moralité est égal à zéro.

Libérez-les, tous ! Car à bien y réfléchir, l’on est amené à se poser l’inévitable question de savoir si la société guinéenne n’est pas un terreau fertile pour l’émergence et la promotion d’individus de petites vertus qui, par péché suprême, parviennent à se hisser au sommet de l’État pour gérer des affaires publiques.

Ces voleurs et escrocs de la République font main basse sur ce qui appartient à tous et s’emploient, en usant du fruit de leur sale besogne, à « s’acheter » une image, se forger une légende et une réputation usurpée . Si nous vivions dans une société qui défend des valeurs et déshonore des individus sans scrupules, certains seraient déjà dans les poubelles de l’Histoire.

Libérez-les tous! Parce que la rectification institutionnelle a accouché d’une souris et la Guinée est assurément un pays singulier à tout point de vue ; un pays de tous les paradoxes mais aussi le pays de l’inversion de toutes les valeurs ; un pays où des voyous sont magnifiés et érigés en exemples !

Libérez-les tous! Car le chef de la junte militaire qui parle de moralisation de la gestion publique alors qu’aucun membre du CNRD, du gouvernement et des régies financières notamment n’ont fait de déclaration de biens. Comment croire dès lors à une volonté sincère de combattre les infractions économiques et financières et non à un simple règlement de comptes ou une tentative de mise à l’écart de certains acteurs politiques, lorsque la plus élémentaire des mesures de transparence est violée.

SÉKOU KOUNDOUNO, RESPONSABLE DES STRATÉGIES ET PLANIFICATION DU FNDC

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