Guinée/ L’utilisation par le Gouvernement des réserves obligatoires des banques (5000 milliards GNF): Le vrai du faux!

Depuis le dévoilement d’une opération d’emprunt de 5000 milliards de GNF par le gouvernement sur les “réserves obligatoires” des banques, il y a un cafouillage médiatique qui créé la confusion totale auprès des citoyens. 

Étant donné que les “réserves obligatoires” sont un facteur macroéconomique extrêmement important pour la stabilité financière du pays, il est donc important de bien rétablir certaines vérités et éclairer les citoyens sur ce qui est en jeu avec cette opération.

Premièrement, les “réserves obligatoires” sont un outil de la politique monétaire d’un pays. Elles consistent à exiger des banques commerciales de geler une part de la monnaie en circulation. Il faut comprendre que si la monnaie en circulation augmente de manière fantaisiste, cela augmente également l’inflation dans le pays. L’inflation est l’augmentation généralisée des prix. Elle affecte les revenus fixes (retraites) et elle est insupportable pour les pauvres populations qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts. La Banque centrale utilise donc les “réserves obligatoires” pour lutter contre l’inflation. In fine, il faut percevoir les “réserves obligatoires” comme l’argent en excès qui ne doit pas être injecté dans l’économie afin de maintenir un niveau d’inflation soutenable. 

Deuxièmement, contrairement à ce qu’affirme le ministre des finances, Mr Moussa Cissé, que j’admire beaucoup d’ailleurs, les “réserves obligatoires” des banques ne sont pas du tout destinées à acheter des emprunts obligataires ou à financer des projets d’investissement. Ce n’est pas une opération normale pour la simple et unique raison qu’elle consiste à injecter une quantité de “billets inflationnistes” dans l’économie. Cette opération peut donc perturber la stabilité financière et monétaire du pays. Normalement, les gouvernements financent leurs projets d’investissement à travers l’émission d’obligations, la collecte de taxes, l’emprunt sur les marchés financiers ou encore le recours à des partenariats public-privé. L’achat d’obligations du trésor ne se fait pas avec les “réserves obligatoires” des banques, mais plutôt avec les dépôts réguliers des banques commerciales. Donc, ce n’est pas juste de présenter cette opération comme étant une opération normale. Il faut dire la vérité aux citoyens.

Troisièmement, tout en étant une opération anormale qui fait peser des risques énormes sur la stabilité monétaire et financière du pays, étant donné que la Guinée est en période d’exception, il est donc compréhensible que le gouvernement recours exceptionnellement à cette opération pour financer certains projets. Cependant, si nous n’étions pas en période d’exception, un ministre des finances et un gouverneur de banque centrale qui proposent ce type d’opérations doivent être immédiatement limogés. Il est donc très important que le ministre des finances rectifie sa communication à ce sujet. Je le répète, il ne s’agit pas d’une opération de financement normale. Il s’agit plutôt d’une “opération de financement exceptionnelle” qui ne doit plus jamais se reproduire. Et c’est à ce titre que moi et mon parti, la LDRG, nous soutenons cette initiative.

Quatrièmement et finalement, j’invite le CNRD et le Président de la République, le Col. Mamadi Doumbouya, à ne pas se laisser tromper par des artifices qui risquent d’aggraver le climat social et de faire perdre les acquis macroéconomiques de la transition. Dès aujourd’hui il faut un suivi beaucoup plus rigoureux que par le passé sur la situation macroéconomique du pays. 

L’incompétence de plusieurs gouvernements réside en leur incapacité à trouver le bon équilibre entre les moyens à mettre au service des projets à long termes, et ceux à mettre au service de la sécurité sociale des populations à court terme. Il est bien beau de prendre le risque de déséquilibrer les systèmes monétaire et financier du pays pour faire avancer des projets d’investissement; cependant, un peuple qui ne mange pas à sa faim et qui est rongé par une inflation galopante se révolte toujours. Il faut craindre cette révolte sociale en période de transition.

Mr Mamadou Oury Diallo, Président de la LDRG

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial