LES ACTES PREPARATOIRES DE LA CANDIDATURE DE MAMADI DOUMBOUYA

Pour le légionnaire exerçant le pouvoir en Guinée sous la dénomination de la nébuleuse CNRD, il suffit d’affirmer que ni lui, ni aucun membre de son gouvernement ou de son régime ne sera candidat aux élections qui marqueront le retour à l’ordre constitutionnel, pour qu’on le croie. Il oublie que dans certains cas, les actes sont plus éloquents que les discours. De nombreux discours tenus quelques heures ou quelques jours après l’irruption des militaires sur la scène politique, ont été contredits quelques semaines après par des actes et des décisions. 

Hier dans la ville de Kankan, les jeunes ont investi les rues avec la bénédiction des autorités locales et des forces de défense et de sécurité sur instruction du colonel Mamadi Doumbouya, président du CNRD.  Entre les lignes, il s’agit certainement du lancement officiel des activités préparatoires de la future candidature du légionnaire aux prochaines élections présidentielles.  Une manière de dire qu’avant de demander le soutien des autres régions, il doit d’abord être adulé par sa région d’origine. On pouvait les énergumènes scander des propos comme « vive la transition, vive le CNRD, vive le Colonel Mamadi Doumbouya, nous voulons le changement ». Tenez un commentaire hallucinant : « Je parle au nom de toute la jeunesse de la Guinée et celle de Kankan pour témoigner sur les actions du CNRD. Aujourd’hui, toute la jeunesse est contente de lui, c’est pourquoi nous sortons pour l’acclamer », « …Vous savez le colonel est un travailleur, voyez en deux ans ce qu’il a pu faire dans le pays. C’est pourquoi il faut l’applaudir et le soutenir. Kankan a donné le coup d’envoi bientôt les autres villes vont lui emboîter le pas » a déclaré, un des jeunes organisateurs.

Dans ces conditions et au regard du passé récent de notre pays avec le projet funeste de troisième mandat qui a valu la prise du pouvoir par la junte, dire simplement que la nébuleuse CNRD ne sera pas candidat ou n’aura pas de candidat aux élections à venir, apparaît tout simplement comme une manière de se moquer de l’intelligence des Guinéens. Le Colonel et son CNRD sont dans un dilemme, car ils ne souhaitent pas que leurs véritables intentions soient connues des Guinéens trop tôt. Mais c’est peine perdue; leurs actes parlent plus fort que leurs mots.

Depuis le début de la Transition, des voix s’élèvent pour évoquer et dénoncer l’existence d’un agenda que la nébuleuse CNRD cacherait au peuple de Guinée.

Cette opinion est basée sur un certain nombre d’actes posés par les putschistes depuis leur entrée par effraction sur la scène politique nationale. Mais pour les observateurs avertis de la situation, l’agenda du CNRD pas jamais été caché. L’ancien caporal de la Légion étrangère et ses arrogants compagnons ne veulent pas un retour à l’ordre constitutionnel. Leur seule préoccupation est de confisquer le pouvoir pour s’y maintenir aussi longtemps que possible. 

Pour y arriver, ils passeront par plusieurs voies. Il s’agit de se servir de procédures judiciaires fantaisistes, avec la complicité de magistrats indignes d’exercer cette noble fonction, pour éliminer les acteurs politiques majeurs. L’autre voie consiste à profiter d’une faille dans la Charte de la Transition, notamment l’article 46, pour se porter candidat à la prochaine élection présidentielle qui sera émaillée de fraudes sans précédent. Et la dernière consiste à la création et aux financements par le CNRD des mouvements et associations de soutien (jeunes et de femmes) dans tout le pays par la contribution des gouverneurs, préfets, maires, présidents de CRD , de quartiers pour solliciter sa candidature. Quelle tristesse, tout pour ça…

En effet, il suffit d’être lucide pour comprendre le scenario, partant de la dissolution de la CENI en confiant l’organisation exclusive de toutes les élections au MATD, à la volonté de nomination des chefs de quartiers et de CRD par les gouverneurs de régions administratives, à l’obsession de fixer le délai d’exécution de tous les projets entre 18 ou 24 mois, aux poursuites judiciaires et fantaisistes contre les acteurs politiques et sociaux opposés à la conduite solitaire de la transition, à la creation et aux financements des mouvements et associations de soutien… En vérité, il n y a aucun doute à date quant à la volonté du légionnaire de se présenter aux prochaines élections présidentielles. C’est bien le plan de Mamadi Doumbouya pour conserver le pouvoir. 

C’est le lieu de rappeler les propos de Ousmane Gaoual Diallo, porte-parole du Gouvernement, qui disait que Mamadi Doumbouya ne ferait pas un jour de plus au-delà des 24 mois. Il a ajouté que s’il devait y avoir plus de 24 mois de Transition, ce serait un autre qui dirigerait celle-ci. Ce qu’il faut comprendre de ces déclarations, c’est que tout porte à croire que Mamadi Doumbouya, dans les mois où semaines qui précéderont l’organisation de l’élection présidentielle, démissionnera de sa double fonction du Président de la Transition et de Président du CNRD, pour se porter candidat. Ainsi, l’article 46 de la Charte de la Transition ne lui sera plus applicable. 

Pendant ce temps,  Aboubacar Sidiki Camara dit  » Idi Amin » prendra les rênes du pays. Mory Condé au MATD. Il suffit d’imaginer un seul instant une élection présidentielle organisée par ce ministre-menteur pour comprendre le danger qui plane sur la Guinée. 

Mamadi Doumbouya et sa bande font leur propre jeu et non celui d’un acteur ou un parti politique, aussi proche soit-il des putschistes. Les courbettes et les discours mielleux de  » particules politiques » à l’endroit de la junte militaire ne serviront à rien.

En tout cas les partisans du putschiste en chef y compris certains de ses ministres déclarent à qui veut l’entendre qu’on a jamais vu en Afrique un président âgé d’à peine 40 ans et de surcroît militaire ayant toute l’armée à sa disposition, rendre le pouvoir à des civils.

C’est pourquoi, tous ceux qui ont un véritable souci du retour de la démocratie en Guinée et qui sont sincères dans leur engagement doivent faire front commun contre la nébuleuse CNRD qui n’est en fin de compte qu’une association de malfaiteurs. 

SEKOU KOUNDOUNO, RESPONSABLE DES STRATEGIES ET PLANIFICATION DU FNDC

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