Assurance Islamique « TAKAFUL » vecteur de Protection sociale et de Solidarité

Mahamoudou KALLO, Titulaire d’un Master2 en Finance Islamique et Audit (Université Al-Eamar de Guinée)

Selon ATLAS Magasine 2019, le taux de pénétration de l’assurance (volume des primes d’assurance rapporté au PIB) en République de Guinée est de 0,34 % avec un chiffre d’affaire estimé à près de 470 Milliards GNF et une croissance moyenne de 14% par an. Il demeure inférieur à la moyenne africaine (2,8 %) ou au taux mondial (6,1 %).

Qu’est-ce qui explique ce faible taux ?

Ce faible taux s’explique en partie par la faiblesse de revenus, le manque de culture d’assurance, l’absence de confiance aux assureurs, la lenteur ou le refus de certaines sociétés d’assurance à assumer leurs responsabilités face aux sinistres, l’injustice qui émaille l’assurance conventionnelle et les croyances religieuses avec des propos tels que :

 « C’est Dieu qui me protège, donc je n’ai pas besoin de m’assurer »

« L’Assurance Classique n’est pas conforme aux principes de l’Islam »

 Donc la vulgarisation d’une Assurance Alternative, Participative et Juste (Assurance TAKAFUL) s’avère nécessaire.

Qu’est-ce que c’est l’Assurance TAKAFUL ?

Selon l’AAOIFI, « L’assurance islamique est un accord entre un groupe de personnes contre des risques spécifiques imprévisibles qu’ils peuvent confronter. Cet accord, ainsi introduit, porte sur le versement des contributions à titre de donations, et conduit à la création d’un fonds d’assurance qui jouit du statut d’une entité juridique et a la responsabilité financière indépendante. Les ressources de ce fonds sont utilisées pour indemniser tout souscripteur contre un risque prescrit dans le contrat, conformément aux règles et procédures de la police d’assurance »

Il s’agit d’un modèle d’assurance basé sur les principes d’assistance mutuelle, de solidarité et de contribution volontaire. Ce modèle implique la séparation des fonds des actionnaires et des assurés, la distribution des bénéfices techniques aux assurés, la conformité des actifs d’investissement à la Charia ainsi qu’une certification par un conseil de la Charia. Les modèles d’exploitation diffèrent selon le mode de rémunération de l’opérateur TAKAFUL.

Comment fonctionne l’Assurance TAKAFUL ?

Modèle Hybrid ou Mixte est le modèle le plus utilisé sur le marché TAKAFUL. En effet, il est pratiqué par la plupart des sociétés TAKAFUL du Moyen-Orient ainsi que dans d’autres régions (Malaisie, Bahreïn, EAU, Soudan, Kenya…). En outre, ce modèle est recommandé par l’Organisation de l’audit et de la comptabilité des institutions financières islamiques (AAOIFI) pour être utilisé par les opérateurs TAKAFUL (AAOIFI, 2003).

C’est une combinaison entre le Wakala et la Moudharaba.

  • Les participants payent leurs contributions qui sont versées dans le fonds ;
  • La compagnie assume le rôle de WAKIL pour gérer lesdits fonds sans les mélanger avec ses propres fonds ;
  • La compagnie place les fonds des participants dans des instruments conformes à la CHARIA et les bénéfices de ces placements sont reversés dans les fonds des participants ;
  • Les dépenses d’administration, d’acquisition et de placements sont supportées par le fonds des participants ;
  • La compagnie reçoit une rémunération sous forme d’un pourcentage des contributions payées par les participants sur la gestion technique (Commission du WAKIL) ;
  • Les prestations sont payées aux personnes ayant subi des pertes ;
  • Les excédents générés par l’activité TAKAFUL sont repartis entre les participants ; la compagnie perçoit une commission sur les revenus des placements (Part MOUDHARIB)

Pourquoi l’Assurance TAKAFUL comme vecteur de Protection Sociale et de Solidarité ?

      Se référant à la définition de l’Assurance TAKAFUL, on se rend à l’évidence que Le terme TAKAFUL est dérivé du mot « KAFALA » qui signifie en Arabe « entraide, garantie, responsabilité partagée ou solidarité » et fait référence aux origines coopératives de partage des risques. C’est une mutuelle qui a été inventée pour atténuer l’impact des sinistres sur les ménages, les entreprises et l’Etat. Elle est synonyme de protection, de couverture, et de solidarité.

Par exemple, un individu qui a un véhicule RAV4 fait un accident, en s’encastrant dans une boutique au bord de la route dont le contenu est cinq fois plus cher que le prix vénal de son véhicule. Selon le Code Civil Guinéen, chaque citoyen a l’obligation de réparer les tords qu’il cause au tiers. Sans assistance, il lui serait très difficile de faire face à ce sinistre.

Mais s’il avait souscrit à une police d’assurance automobile « Assurance Islamique » pour son véhicule à 420 000 GNF par an, il n’allait pas supporter seul ces dommages, car ils seront partagés à l’ensemble des participants de ladite Assurance. Cela faciliterait le vivre ensemble et la protection sociale.

  • L’Assuré n’aura pas à subir seul les fardeaux de l’accident ;
  • Le Sinistré n’aura pas à attendre longtemps pour être dédommagé des préjudices subis ;
  • L’Etat n’aura pas à faire face à tous les problèmes de la société.

Mahamoud KALLO Pour Réveil-Africain.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial